Dire tout ce qu’on a à dire, ça sert à plein de choses.

On peut parler pour réfléchir.

On peut parler pour dire ce qu’on pense.

On peut parler pour choisir.

On peut parler pour changer d’avis.

On peut parler pour dire ce qu’on ressent.

On peut parler pour se souvenir.

On peut parler pour prévoir de faire quelque chose.

On peut parler pour poser des questions.

On peut parler pour être mieux dans sa tête et dans son cœur.

Tout cela, ce sont les mots pour dire à quoi ça sert de s’exprimer.

Ça s’appelle les fonctions de communication (1).

Ça veut dire que ce qui compte ici, c’est pourquoi on dit les choses.

C’est important de savoir à quoi ça sert de parler.

Surtout que parfois parler, on le fait sans la parole.

C’est pour ça que l’on dit plutôt « communiquer ».


On communique sans réfléchir, alors on oublie comment on fait.

On oublie que c’est compliqué parce que ça va vite et qu’on s’est habitué.

Il y a beaucoup de monde et on se débrouille pour discuter.

Pour arriver à vivre à plusieurs, on communique pour se débrouiller.

Quand ça fonctionne, on a bien réfléchi, on a bien compris.

On s’est bien exprimé, on a bien réussi à s’entendre tous ensemble.

Ça s’appelle « les compétences psycho-sociales » (2).


Dans les écoles, et dans les bureaux des SESSAD et des autres services qui aident les personnes qui vivent le handicap… c’est à la mode.

On parle beaucoup des compétences psycho-sociales.

On parle beaucoup aussi de l’autodétermination.

C’est bien qu’on parle des compétences psycho-sociales : on en a vraiment besoin.

Pour grandir avec les autres, on a besoin de savoir faire tout ça :

1. Trouver des solutions en cas de problème

2. Décider quoi faire

3. Imaginer plein de choses

4. Savoir ce qu’on pense de quelque chose

5. Bien dire ce qu’on veut dire

6. Être bien avec les autres

7. Faire attention à soi et se connaître

8. Faire attention aux autres

9. Vivre bien même quand on stresse

10. Faire face à ses émotions

Ce sont les 10 compétences psycho-sociales.

Quand on est autiste, ça peut être difficile de faire tout ça.

Alors il faut apprendre les compétences psycho-sociales. Par exemple, à l’école.

Ça prend du temps et parfois il faut faire autrement que les autres.

Par exemple, il faut pouvoir suivre des modèles et comprendre les étapes.

On pourra réussir à utiliser les compétences psycho-sociales qu’on a choisies, dans la vraie vie.

On peut apprendre de différentes manières.

En tout cas, quand on est autiste, on fonctionne avec l’autisme (3).

Les compétences psychosociales ne viennent pas forcément toutes seules !

Quand on est autiste, il faut apprendre les compétences psycho-sociales (4).

Quand on est autiste, on a le droit d’apprendre à réfléchir (5).

C’est même encore plus important quand on est autiste, d’avoir de l’aide pour réfléchir seul (6).


On a tous besoin d’apprendre à réfléchir.

On a tous besoin de faire trois choses :

  • Se débrouiller avec ses ressources : c’est l’autonomie. On trouve les ressources pour faire ce qu’on a prévu, même si ce n’est pas seul.
  • Réussir à faire des choses et devenir doué : c’est la compétence.
  • Être heureux avec les autres humains : c’est l’appartenance sociale.

Ces trois besoins sont importants pour tout le monde.

On a tous le droit de vivre dans un monde qui permet ces trois besoins.

Ce sont ces trois besoins qui nous aident à faire les choses.

C’est comme un moteur : c’est la motivation (7).


Quand on est autiste et qu’on n’apprend pas les compétences psychosociales comme les autres, c’est difficile.

Alors il faut continuer à apprendre mais il faut demander conseil aux spécialistes de l’autisme.

Il faut demander de l’aide tout de suite et ne pas abandonner. On peut apprendre.

Quand on est adulte, on peut apprendre à réfléchir et communiquer.

C’est plus facile de commencer quand on est tout petit.

Il faut aider le langage et la participation.

Ça veut dire qu’il faut aider les enfants, même tout petits : on peut les aider à plein de choses.

On peut les aider, même quand ils ne parlent pas encore. Même quand ils ne parleront jamais (8).

Il faut les aider à comprendre.

Il faut les aider à avoir des mots et des phrases dans leur tête.

Il faut les aider à dire tout ce qu’ils ont à dire.

Il faut leur donner des modèles de langage.

Il faut leur donner des solutions pour parler avec des images, des gestes ou des appareils.

Il faut leur apprendre à lire.

Pour que les enfants apprennent à communiquer, il faut qu’ils vivent comme des enfants.

Il faut qu’ils puissent voir les gens parler.

Ils doivent pouvoir parler tous les jours avec des gens.

Ils doivent communiquer tout le temps, avec leur bouche, des images, des gestes ou des appareils.


C’est important que les gens puissent vivre ensemble.

C’est important que tout le monde soit libre et vive bien.

Ça veut dire que les gens sont autodéterminés.

C’est l’autodétermination.


Pour que ça marche, il faut que les gens aient appris les compétences psycho-sociales.

Il faut que les gens aient appris à communiquer pour être en bonne santé.

C’est par exemple dire qu’on a mal, discuter avec le docteur, prendre un rendez-vous.

Il faut que les gens aient appris à communiquer pour être heureux.

C’est par exemple comprendre la radio, parler avec ses amis, demander son chemin.

Tout ça, c’est communiquer pour les compétences psycho-sociales.

Tout ça, c’est important, comme les autres compétences psycho-sociales.

C’est important comme tout ce qu’on apprend à l’école.

C’est important comme quand on obéit aux règles.


Pour que ça marche, il faut aider les enfants et leurs parents (9).

On a tous besoin un jour ou l’autre d’être aidé.

Tout le monde peut demander de l’aide et proposer de l’aide.


On peut aider les parents : pour qu’ils aident leurs enfants à apprendre à parler.

On peut aider les parents : pour qu’ils voient qu’ils aident bien leurs enfants.

On peut aider les enfants : à communiquer avec la bouche.

On peut aider les enfants : à communiquer avec des images, des gestes, des appareils.

Ça s’appelle la Communication Alternative et Améliorée. On peut dire la « CAA ».

On peut s’aider et s’entraider.

Ceux qui vivent avec un trouble ont beaucoup de forces parce qu’ils ont trouvé des solutions seuls et avec de l’aide. Ils sont extraordinaires.

Ceux qui n’ont pas de troubles peuvent être aidés et aider.

Quand on aide les enfants, on leur donne des mots.

Quand on aide les enfants, on leur montre les phrases.

La CAA, c’est très important pour les enfants (10).

Ça va être très important.

Sans la CAA, il y a plein de gens qui ne peuvent pas dire les mots.

Sans les mots, la vie est plus difficile.

Sans les mots, on n’arrive pas bien à l’autonomie.

Sans les mots, on n’arrive pas bien à être compétent.

Sans les mots, on n’arrive pas bien à être heureux avec les autres.

Avec la CAA, il y a plein d’enfants et plein d’adultes qui vont pouvoir apprendre.

Ça va être très dur, mais ça va changer leur vie. Et on va le faire tous ensemble.


Pour apprendre à communiquer, il faut être tous ensemble.

Il faut pouvoir communiquer.

Il faut pouvoir comprendre.

Il faut des gens pour communiquer.

Il faut plein de moments pour communiquer.

Parfois on s’entraîne beaucoup, et ça marche plus tard.

Communiquer, ça prend du temps.

Ça s’apprend longtemps. Il faut écouter et se parler.

Ce n’est pas apprendre quand on peut, et compenser quand c’est foutu.

Communiquer, c’est trouver les moyens et offrir des modèles. C’est vivre ensemble.

Communiquer, c’est des surprises, et c’est apprendre des trucs aux autres.

Communiquer, on en a envie et on exprime ce qui est important.

Communiquer, on le fait quand on n’est pas toujours avec les mêmes, quand on voit des gens.

Communiquer, on le fait quand on nous a donné les outils.

On communique quand on peut apprendre à communiquer, même sans parole.

On communique quand le dossier d’aide donne de l’aide pour parler avec les autres.

Pas quand on coche une case qui nous met dehors.

On communique quand on peut parler avec sa bouche, les images, les gestes et les appareils.

On communique quand on peut vivre avec les autres (11).


Pour que ça marche, il faut d’abord y croire.

Si on y croit, alors on va essayer des choses.

On essaiera ce qui aide les enfants et les adultes autistes.

On va essayer les solutions pour comprendre et parler avec la bouche, les images, les gestes, les appareils.

Quand on apprend à lire aux enfants de CP, on a plein de méthodes pour tout le monde. C’est

difficile mais ça marche. Certains seront dyslexiques, mais on essaie quand même au CP.

Quand on apprend à parler aux enfants, on doit essayer avec tout le monde, même avec la bouche, les images, les gestes, les appareils.

On va essayer ensemble.

Après, on fera ce qui marche (12).

S’entraîner, s’entraider.

Et les enfants et les adultes apprendront à s’exprimer.

Louise

Sources

(1)  La seizième diapositive de ce diaporama issu d’un remarquable webinaire du CRAIF donné par deux expertes qui se complètent admirablement, synthétise les fonctions de la communication. Tout comme  ce visuel très clair de Line Perrin, qui les précise selon quatre catégories. 


(2) Pour comprendre le concept de « Compétences PsychoSociales »,  un historique qui prend le temps de nous emmener avec lui et qui éclaire les orientations qui prévoient de les enseigner et de les promouvoir auprès des jeunes, enfants et familles :  pages 83 à 101 du Bulletin Officiel « Santé, Protection Sociale et Solidarité »  mis en lien par l’INSHEA, qui vient d’ailleurs d’organiser un riche colloque intitulé « Autodétermination et handicap » (à retrouver bientôt sur la chaîne vidéo de l’INSHEA!).


(3) L’enseignement explicite et structuré fait partie des moyens d’intervention les plus efficaces en cas d’autisme :  découvrons quelles manières d’accompagner en éducation sont efficaces – et comment et pourquoi
Pour appliquer des données probantes adaptées au contexte français lors des étapes de l’accompagnement, n’oublions pas que les MDPH sont toutes censées s’appuyer sur  ce guide toujours d’actualité.


(4) Apprendre sans erreur est intéressant pour progresser sans surcharger ses fonctions exécutives et automatiser directement des comportements dans les situations naturelles :  Clépsy nous aide en nous montrant un exemple… de comment montrer l’exemple ! 
Mais on peut tenir compte des défis du fonctionnement autistique pour promouvoir  l’autorégulation dans les apprentissages auprès de publics différents et hétérogènes, afin de combiner différentes stratégies et de favoriser l’autonomie dans différents environnements.
Rappelons d’ailleurs  le très efficace article de Jean-Philippe Piat qui nous aide ainsi à apprendre de nos erreurs lorsqu’il s’agit d’accompagner des personnes autistes.


(5) Une jolie découverte dans  ce blog didactique qui fournit des clefs de compréhension et des manières d’intervenir, pour soi ou pour des personnes qui le souhaitent : ou comment ce que d’aucuns nomment « rigidité » constitue en fait une attitude cohérente face aux règles qu’on a déduites et à ce qu’on peut en attendre. Et un pas de côté pour penser à faire rejoindre  les différentes créativités plutôt qu’à chercher à partir de rien. Surtout que côté « esprit critique », autistes et allistes ont tous besoin d’apprendre : voici  un document créé par le Conseil Scientifique de l’Education Nationale pour soutenir son développement (parce qu’on y a tous droit!).


(6) L’évolution des recherches et réflexions théoriques sur le fonctionnement des personnes rassemblées sur le spectre de l’autisme mérite toute notre attention : informons-nous sur les hypothèses bayésiennes et sur la dissociation des traits sémantiques,  ici #page41 et souvenons-nous  des travaux de l’équipe d’Aix-en Provence qui nous donnent l’idée de faciliter le traitement de l’information en ralentissant sa délivrance (2009 ici, déjà !).


(7) Car avant Wehmeyer, il y eut Deci et Ryan! Leur Théorie de l’AutoDétermination (1985 puis 2000, 2002) est indissociable de la « mini » théorie régissant la régulation des types de motivation par trois besoins humains fondamentaux : autonomie, compétence et appartenance sociale… en témoigne  cette courte synthèse … ainsi que  cet ouvrage qu’on ne peut que vous conseiller.
Les experts Piriou et Boisvert, incontournables, nous proposent ici  un document complet qui regroupe les théories et concepts de l’autodétermination, mais également les principes et modèles d’intervention qui la soutiennent : remarquable !


(8) Remercions l’orthophoniste Albane Plateau d’avoir mis à notre portée  les précieuses informations issues des travaux de Light et McNaughton (2014), qui ont construit le modèle du développement de la compétence communicationnelle. (remercions au passage tous ceux qui font vivre le blog PONTT!). Allons aussi voir  ces explications, qui reprennent les basiques, mais vont vers l’écrit, qui nous rend libres et nous donne accès au monde entier.


(9) Des pistes pour les parents (autistes ou non, et plus particulièrement d’enfants autistes) et pour ceux qui les accompagnent :
•  Construire et vivre ensemble un programme qui guide et met en confiance les parents : #page17
•  Guidance en orthophonie auprès des parents de jeunes enfants avec TSA : ce qui est efficace d’après la recherche 
•  Le Sentiment de Compétence Parentale en langage chez les parents d’un jeune enfant autiste 

(10) Trois mois après le Mois International de la CAA, (re)découvrons-la grâce à  la toute nouvelle vidéo de Judith Labouverie  ainsi qu’ aux merveilleuses et nombreuses publications du groupe Facebook correspondant à ce mois spécial (avec des témoignages, exemples et idées), organisé en France par l’association ISAAC Francophone.
En bonus, retrouvez  le cadeau d’Albane Plateau : des publications presque quotidiennes pendant tout le mois d’octobre 2022 pour nous apporter des infos vérifiées et des exemples dans le domaine de la CAA… et elle a tout regroupé dans ce QR Code fantastique …car la CAA, c’est toute l’année! Que celle qui commence soit riche en CAA, en communication pour tous.tes !


(11) Les conditions propices pour une participation efficace en communication dont décrites dans le Modèle de Participation en CAA de Beukelman et Mirenda, décrit dans leur ouvrage dont la dernière version a été traduite en français par Emmanuelle Prudhon, qui l’évoque dans  son blog 
Zoomons sur  ce modèle de la participation, qui nous dit comment mettre en place des solutions de communication pour tous.


(12) Et maintenant, penchons-nous sur un exemple de boucle vertueuse parmi tant d’autre :  le fabuleux blog de Judith Babot, qui raconte comment son fils surnommé Zazou apprend à communiquer tout en montrant à sa famille et au reste du monde que tout semblait impossible mais devait être construit ensemble…